Saturday, December 28, 2013

Vieux- jeune koan


Pour Joko, la traduction d'un vieux koan de notre école Soto et mon modeste commentaire.

Quand Kishizawa Ian, le deuxième maitre de Suzuki Roshi, était un jeune moine, il était assis en méditation un jour pluvieux et a entendu le son d'une cascade éloignée. Alors un han de bois a été frappé. Il s'est rendu chez son maitre (peut-être Oka Sotan) et a demandé, "qu'est l'endroit  où le son de la pluie, la cascade et le han se rencontrent ?" Son maitre répondit, "la véritable éternité coule toujours ." Et ensuite il a demandé, "qu'est-ce que cette vraie éternité qui coule toujours ?" "Elle ressemble à un miroir brillant, constamment lisse," rétorqua le maitre. "Y a-t-il quoi que ce soit au-delà de cela ?" a demandé le jeune moine. "Oui," a répondu le maitre."Qu'est-ce qui est au-delà de cela?" a demandé le jeune moine. Et son maitre a répondu, "Brise le miroir, viens et je t'y rencontrerai."


cet idiot de Taigu rétorque:

Tout ce qu'il reste à briser  c'est l'idée d'un ici et d'un là séparés
Rien de saint, tout est joyeux, comme le dit  la bonne vieille barbe rouge

Voile de pluie
Echo du han de bois
La bruine humide trempe tout

Que nous faisions ou brisions un miroir,
comment pourrions-nous avoir jamais été  séparés ?

Dans le sceau de l'esprit
dix mille gouttelettes et sons
tourbillonnent
Cela s'élève
Ils s'élèvent
Que reste-t-il a briser?

A toi, maintenant!...

Friday, December 20, 2013

Le shobogenzo traduit par Yoko Orimo: une triste trahison

Il importe ici de rétablir une vérité et d'affirmer clairement ce que quelques uns ont déjà compris: voici le travail d'une intellectuelle fervente mais égarée: la traduction est pompeuse, absconse, le style infiniment ampoulé emprunt de byzantinisme cultive fausse érudition et se perd en inutiles circonvolutions. La personne ne sait pas écrire et l'éditeur n'a certainement pas fait son travail. Vous aurez dans un voile de fumée impénétrable, un charabia philosophique misérable et pauvre, car là est bel et bien le problème: il ne suffit pas de se complaire dans l'amphigouri précieux pour faire sens, d'accumuler notes et savantes paraphrases pour incarner le courant dansant de pensée et l'écrit d'éveil du jeune abbé de Koshoji, ces gâteaux de riz ne vous rassasieront pas.  Dogen n'est pas là, Dogen est trahi. Les exemples abondent à chaque page et j'ai constamment l'impression de lire un autre texte, si vous vous mesurez à l'original, vous pourrez constater l'étendue de la méprise et du mensonge. Et ce travail est bien pâle si vous le comparez à l'excellence du travail de Mike Cross et de Nishijima roshi d'une limpidité exemplaire  ou encore la merveilleuse traduction de Kaz Tanahashi qui ne sacrifie pas la clarté tout en préservant la dimension poétique et métaphorique. Il est vrai que la traduction improvisée et approximative mais tellement enthousiaste de Taisen Deshimaru a plus de justesse et de clarté que cette masse d'insupportable pédanterie. Passez votre chemin, vous gaspillerez ici un temps précieux et, malheureusement, le sens réel du texte n'apparaitra que trop rarement. La grande traduction française du Shobogenzo est à venir. Avis aux amateurs éclairés!

Tuesday, December 17, 2013

koku

Wonderful space
Neither inside nor outside,
When you're not there
Then the ten thousand things move forward
And an edgeless iris opens
And turns a simple plum blossom
Opening the open
This
The body of a bell tinkling in the wind
Dindin dindin dindin
The ancient poem of Nyojo
Expresses it so well
Nothing that is not it
And nothing to make, neither words nor forms
The vast space is both matter and seal
Presence undone of itself
Our real body open like a mouth
Hanging in space

Koku

Réponse à Joko,
Écrit dans le train du matin...

Merveilleux espace
Ni dans le dedans ni dans le dehors,
Quand tu n'es pas la
Alors les dix mille existences s'avancent
Et s'ouvre une prunelle sans bord
Et tourne une simple fleur de prunier
Ouvrir l'ouvert
Ainsi
Le corps tintant d'une clochette dans le vent
Dindin dindin dindin
Le poème ancien de Nyojo
Le dit si bien
Rien qui ne soit cela
Et rien à fabriquer, ni mots, ni formes
Le vaste espace est à la fois sceau et matière
Présence défaite d'elle-même 
Notre vrai corps ouvert comme une bouche
Pendu dans l'espace



Gassho

Taigu

Wednesday, December 11, 2013

Three rocks sonnets from Myozan Kodo

Just finished reading these 108 songs and the treasure chest is wild open. Journey with its moments, faces from yesterday and closer, rags chewed by time and light, panels of the boundless robe.
Thank you, brother.

Improvised song for Myozan

Truly wonderful mountain.
When I gave you this name
I could catch a glimpse
Of this selfless poor majesty
Whispering with birds and brooks
Cloaked in clouds, mists and insect racket
I could see the treasure in the pebble
The staff in the twig
The robe in the green foliage
The first time we met
I knew the taste of mountain
Beyond doubt and time and space
A whole embracing body
Being sat
And
Welcoming
All things.
The sharp edge of its rocks
Shimmering in Kannon' s light
Living poems thrown in the wind
A place rustling with poets of old
Faces and places crossed and freed
I could see the suffering of your child
Your suffering in Mara' s dance
When you first disappeared
I could follow your footsteps in the blind night
Mountain walking
Mountain sitting
Mountain singing
Just-being-Mountain


Nine bows

Priest Taigu

Thursday, December 05, 2013

Assieds-toi

Assieds-toi.


La porte de l'aisance et de la joie se trouve en tous lieux, c'est en vérité la porte dépourvue de toute porte car elle n'est rien que toi et n 'est jamais séparée des Bouddhas des trois temps. Ici, le mondain et le sacré n'ont plus cours. Ici la lumière jaillit librement des formes et de l'espace. Rencontrer la personne authentique dans cet ici est notre grande oeuvre et notre joie.  Le Samadhi dans lequel le soi-même est reçu, déployé .Connais-toi toi même vraiment. Oublie-toi. Laisse tous les dharmas et les innombrables choses s'avancer , illumine et réfléchis les.


S'il te plait, assieds-toi.


Dans l'ici, ne choisis pas d'endroit particulier. Assieds- toi n'importe où. Dans les villes, les trains, les rues, quoique ton regard rencontre, tu trouves alors les vraies montagnes. Porte le kesa, la robe rapiécée faite du corps de toutes choses, le vrai kesa enveloppe tout, cette robe n'est pas un simple tissu, mais la robe de l'assise: peau, chair, os et moelle de tous les Tathagatas.




Enveloppé de vêtements amples et du kesa, assis sur le coussin, en lotus ou demi lotus, en posture birmane , sur un banc ou une chaise, assieds-toi, et si tu ne le peux pas, allonge les jambes légèrement écartées et les genoux pointant vers le ciel et l'abdomen relâché, les hanches ouvertes, les épaules oubliées, toute entreprise laissée de côté, abandonne le poids de ton corps à travers les ischions et les genoux, fais osciller ton dos jusqu'à ce qu'il se stabilise doucement au point vertical et médian sans que tu sois penché en avant ou arrière. Redresse-toi sans effort, le bas du dos gardant une courbure naturelle, ta tête assise avec aisance au sommet de ta colonne vertébrale, fraîche et souple, la langue touchant le palais, les mâchoires détendues, la nuque détendue, le regard posé devant toi ne fixant rien, ne flottant pas non plus, comme s'il contemplait des montagnes lointaines. Tes mains formant le mudra universel sont placées sous le nombril, leur tranches touchant l'abdomen, la main gauche sur la droite, paumes vers le ciel et l'extrémité des pouces se touchant à peine. Reposer l'esprit dans le mudra signifie qu'il suffit de laisser le mudra te faire, te défaire et t'oublier. La respiration ne fait l'objet d'aucune attention particulière, tu inhales et exhales naturellement, sans pousser ni forcer quoique ce soit. Une fois que le mudra se manifeste en tant que corps-esprit, de la poussière à l'étoile, instantanément, l'entière réalité est illuminée.




Le secret du sceau de l'esprit du Bouddha est ouvert, juste ici et maintenant, devant tes propres yeux. Ne fais rien, sois sans fabrication. Abandonne toute affaire, l'idée d'être quelqu'un d'autre ou de réaliser quelque chose de spécial. Ici, le voyageur, le chemin et la destination ne sont ni deux ni un. Ainsi assis, assis dans l'ainsi, cultive l'intention de te tenir droit et cependant ne la réalise pas. Dans le non-faire, la réponse naturelle à la gravité se fait d'elle-même. Un millimètre d'action et terre et ciel bleu se trouveront séparés, le moindre faire et tu te seras déjà égaré. Laisse-toi prendre par le paisible état. Sois chez toi dans le sans- demeure.




Tu ne trouveras ici nulle trace, comme ces canards sauvages s'envolant d'une rivière, comme la neige sur la neige. Cela n'a aucune saveur particulière, musique dépourvue de sons, chevauchant le buffle et soufflant dans une flute vide, toutes choses au repos et pourtant si vivantes. Les poissons frayent , les oiseaux volent, et, ce faisant, ils retournent à la condition normale et originelle. Alors que tu laboures les nuages et traverse toute l'étendue du ciel, sois à ton aise. Les choses et les pensées viennent jouer pour aussitôt s'évanouir. Cesse de t'inquiéter. Le corps transitoire et dynamique de la réalité n'est autre que le corps des Bouddhas. Ne t'attache ni à ceci ni à cela. Il n'est plus nécessaire de traîner dans le royaume des opposés, de choisir ou de rejeter. Facile, il est facile d'aller et de réaliser.



Ne t'assieds pas comme Bouddha, laisse Bouddha t'asseoir. Tout comme la rondeur et plénitude de la lune, ton visage originel apparaît spontanément, automatiquement, libre et sans contraintes. Il ne t'appartient pas de le voir, mais sans le savoir, de l'être.




Ici, d'innombrables illusions apparaissent et disparaissent. Des rêves et des ombres s'élèvent, laisse les aller et venir. Même ces pensées sont la matière qui compose le terrain originel. dans l'état de la montagne, comment le vaste ciel pourrait être obstrué par les nuages flottants et dérivants? Comment un nuage pourrait il cacher le vaste ciel? Ciel bleu et nuages, même origine. Sois juste conscient du paysage du corps esprit et alors que tu t égares, reviens, ici et maintenant. Encore et encore. Tu peux placer ton esprit dans la paume de ta main gauche, te concentrer sur la rectitude de ton dos, entendre les sons et y être attentif sans pourtant les suivre, finalement il n y a rien a faire et personne pour faire quoique ce soit. Laisse le "je ne sais pas"apparaître de lui-même.



Cette assise est sans objet ni intention. Seule la claire attention panoramique, sans jugement qui se porte sur ce qui s'élève dans l'ici et le maintenant. Ne t 'attache ni à ton incompréhension ni à ta compréhension, ne recherche pas le vrai et ne crains pas le faux, libère-toi du domaine des désirs,: calme, sois la totalité du corps-esprit qui réfléchit sans juger les autres ou toi-même. S'asseoir ainsi est pénétrer jusqu'au tréfonds la grande question, la percer et pénétrer totalement.






Surtout ne pense pas que Shikantaza est seulement rencontré et réalisé sur le coussin. Alors que tu te lèves, emporte le avec toi, et va les mains vides, vivant pleinement l'ordinaire nuit et jour . Cette vie-mort vaut la peine d'être vécue. Ici et maintenant, l'absolu et le relatif dansent et s'effondrent l'un dans l'autre. Le temps passe comme une flèche et tu n'as jamais été si proche du trésor de l'oeil de la vraie Loi.




Sois cela.




Assieds toi.